Sophie cale
Sophie Calle reçoit les visiteurs dans la chambre 20 de l’Hôtel La Mirande d’Avignon. Elle y a installé une exposition, éclats de sa vie, éclats de son oeuvre.
Marina Abramovic, au Moma de New-York, avait réalisé une performance qui consistait à regarder les New-Yorkais durant trois mois. À les regarder dans les yeux. Un face à face, enchaîné huit heures durant, six jours par semaine.
Sophie Calle, elle, propose aux festivaliers de venir… la regarder. La différence est immense.
Allongée dans son lit, Sophie Calle, parée de lunettes de soleil et d’un bel éventail, téléphone à ses ami-e-s, reçoit les félicitations des admirateurs, écoute les histoires « à dormir » qu’ils viennent lui confier au pied du lit. Cela sent la sacralisation.
Le projet était de « jouer du trouble et interroger, avec malice, la frontière flottante entre la réalité et la fiction, le naturel et la mise en scène ». Mais observer – trente minutes durant et à quarante personnes – quelqu’un en train d’écrire des mails ou prendre son petit-déjeuner, dans une chambre de luxe, ne saurait troubler. Tout juste intriguer. Tout juste donner le plaisir de goûter à la superbe (… le premier des sept péchés capitaux, voici de quoi nous intriguer bien plus) prestance de l’hôtel La Mirande.
Il arrive ainsi que le narcissisme, porté à outrance, devenant non plus traversée artistique mais Sujet, se retourne contre lui-même.
Le micro qui vient enregistrer – avec leur consentement – les paroles des visiteurs, de même que les photos que l’artiste prend de ces anonymes venus lui rendre visite, serviront de matériau artistique. Nous attendrons donc la suite.