Ubuesque organisation, Scandale 1
NON MERCI… ou Merci Py !
Se réjouir de retrouver ce soir Olivier Martin-Salvan pour sa dernière création, Ubu… Et ben non ! Et ce n’est pas faute d’avoir essayé, d’avoir téléphoné au standard du festival, d’avoir tenté les réseaux sociaux… mais trouver un covoiturage en quelques heures parce qu’aucune navette n’est mise en place pour emmener les spectateurs route de Nîmes à Roquemaure – seize bornes d’Avignon quand même –, relève juste de l’impossible.
J’aurais vraiment voulu voir le bourgouè gentiliomme (prononciation à la Eugène Green) ou Pantagrrrruel en Ubu truculent. Car connaissant un peu le personnage, ça devait valoir le détour (mais pas 16 kilomètres). Sauf que malheureusement pour lui et pour tous les autres artistes, Ubu fait partie du programme « Itinérance ». Donc un lieu différent chaque soir, au nom de la décentralisation, terme sacré, – celle-là même qui avait vu la naissance de la FabricA (mais au moins c’est pas à 16 km du centre, et le projet allait au-delà, en visant un ancrage pérenne dans le quartier de Monclar). « Itinérance »… Voici en quels termes l’idée est présentée dans le programme du Festival, à la page consacrée à Ubu :
« Fils de la décentralisation depuis 1947, le Festival d’Avignon décide de redistribuer ses cartes à partir de son épicentre et d’aller au-delà de ses remparts physiques et symboliques. Suite à la première tournée du Festival hors les murs et au succès d’Othello, Variation pour trois acteurs de Nathalie Garraud et Olivier Saccomano [déjà eux], l’itinérance se poursuit avec Ubu d’Olivier Martin-Salvan [et non pas Olivier-Martin comme l’indique à cet endroit le programme, il y a des parents perchés mais quand même]. Quinze lieux dessinent une nouvelle cartographie, vous invitent sur les routes et rapprochent le Festival d’Avignon des habitants de son territoire ».
Alors si j’en crois la citation, on va compter sur les Roquemauriens ce soir pour remplir la Salle des fêtes. J’espère qu’ils seront nombreux. Parce que contrairement à ce que croit le service billetterie du Festival, les festivaliers ne sont pas tous motorisés – il suffit de voir les prix pratiqués par la SNCF pour s’en convaincre rapidement. Mais si au moins à défaut d’une navette il y a avait eu un bus, même toutes les quatre heures, qui fasse Avignon centre (voire Avignon TGV) – Route de Nîmes… Mais non, même pas.
C’est sûr, c’est pas le Roi Lear qui est envoyé là-bas à Pétaouchnok (et je découvre à cette occasion que le terme est inspiré d’une ville russe, Petropavlovsk, située à l’extrême Orient, plus à l’Est encore que l’Australie d’ici – mais il y a quand même un aéroport là-bas). Non, le Lear de Monsieur Py est confortablement installé au Palais des Papes, dans la mythique Cour d’honneur que chaque festivalier rêve de retrouver chaque année, et qu’il peut quitter si l’ennui le gagne.
Au-delà ma déception qui, je l’imagine, est partagée par ceux et celles qui sont sans moyens de transport, c’est réellement un problème ce point de logistique. Pour les spectateurs – mais ils devraient s’en remettre avec les 1300 spectacles quotidiens que nous offrent le In et le Off (d’autant que la compagnie des Dramaticules proposent aussi un Ubu) –, mais surtout pour les artistes ! Comment justifier qu’ils soient programmés, alors que la direction du festival n’assure et n’assume pas leur visiblité ?