Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /home/juliechaat/www/winsense/wp-content/mu-plugins/jcp-documentation.php:1) in /home/juliechaat/www/winsense/wp-includes/rest-api/class-wp-rest-server.php on line 1896

Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /home/juliechaat/www/winsense/wp-content/mu-plugins/jcp-documentation.php:1) in /home/juliechaat/www/winsense/wp-includes/rest-api/class-wp-rest-server.php on line 1896

Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /home/juliechaat/www/winsense/wp-content/mu-plugins/jcp-documentation.php:1) in /home/juliechaat/www/winsense/wp-includes/rest-api/class-wp-rest-server.php on line 1896

Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /home/juliechaat/www/winsense/wp-content/mu-plugins/jcp-documentation.php:1) in /home/juliechaat/www/winsense/wp-includes/rest-api/class-wp-rest-server.php on line 1896

Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /home/juliechaat/www/winsense/wp-content/mu-plugins/jcp-documentation.php:1) in /home/juliechaat/www/winsense/wp-includes/rest-api/class-wp-rest-server.php on line 1896

Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /home/juliechaat/www/winsense/wp-content/mu-plugins/jcp-documentation.php:1) in /home/juliechaat/www/winsense/wp-includes/rest-api/class-wp-rest-server.php on line 1896

Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /home/juliechaat/www/winsense/wp-content/mu-plugins/jcp-documentation.php:1) in /home/juliechaat/www/winsense/wp-includes/rest-api/class-wp-rest-server.php on line 1896

Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /home/juliechaat/www/winsense/wp-content/mu-plugins/jcp-documentation.php:1) in /home/juliechaat/www/winsense/wp-includes/rest-api/class-wp-rest-server.php on line 1896
{"id":792,"date":"2011-02-28T20:23:00","date_gmt":"2011-02-28T19:23:00","guid":{"rendered":"http:\/\/www.insense-scenes.net\/wordpress\/?p=792"},"modified":"2011-02-28T20:23:00","modified_gmt":"2011-02-28T19:23:00","slug":"filmer-et-parler-le-travail","status":"publish","type":"article","link":"https:\/\/juliechaumard.paris\/winsense\/article\/filmer-et-parler-le-travail\/","title":{"rendered":"FILMER et parler LE TRAVAIL"},"content":{"rendered":"

—-
\n Du 28 janvier au 6 f\u00e9vrier 2011, Poitiers accueillait en son sein le 2e festival Filmer le travail. En filigrane de cette manifestation \u00e0 la crois\u00e9e des sciences humaines et des arts, si\u00e9geait la devise \u00ab travail, d\u00e9bat, cin\u00e9ma \u00bb. Dix jours de festival pendant lesquels huit lieux culturels de la Ville ouvraient leurs portes aux projections, expositions, rencontres professionnelles et autres animations… Dix jours pendant lesquels le spectateur-citoyen pouvait se nourrir d’images et de r\u00e9flexions sur l’\u00e9volution du travail contemporain. Aper\u00e7u d’un festival \u00e9mergent, retour sur quelques propositions phares.<\/strong> <\/em>
\nAu d\u00e9part d\u2019un tel projet, il est \u00e0 supposer que c\u2019est bien l\u2019envie d\u2019aborder la question du travail autrement que par son simple aspect r\u00e9mun\u00e9rateur et \u00e9conomique qui est motrice ; l\u2019envie de gratter les \u00e9tiquettes qui recouvrent les emplois, fonctions et statuts pour s\u2019int\u00e9resser aux personnes, aux m\u00e9tiers et aux conditions d\u2019exercice. L\u2019envie de susciter un \u00e9change et de faire \u00e9merger une parole individuelle et collective sur une notion qui occupe, peu ou prou, le centre de nos vies et qui, de fait, est un enjeu soci\u00e9tal en perp\u00e9tuelle \u00e9volution. Et puis, comme par ricochet, se pose aussit\u00f4t la question du cin\u00e9ma. Le septi\u00e8me art aurait le pouvoir de capter et de mettre en sc\u00e8ne le r\u00e9el et il semblerait qu\u2019il fasse, \u00e0 ce titre, \u00e9tat d\u2019un nombre grandissant d\u2019images du travail.
\nComment alors le sensible \u2013 l\u2019art \u2013 intervient-il et interagit-il avec le r\u00e9el ? Comment le travail ne se trouve-t-il pas d\u00e9naturer par l\u2019\u0153il de la cam\u00e9ra ? Comment, le cin\u00e9ma, lui-m\u00eame, entre fiction, documentaire et animation, reste-il \u00e0 la hauteur de ses enjeux esth\u00e9tiques ? Des questions que le spectateur pictavien pouvait se poser au gr\u00e9 des diverses s\u00e9ances du festival.
\nAu programme de ce projet culturel rondement men\u00e9, initi\u00e9 par trois acteurs de taille que sont l\u2019Universit\u00e9 de Poitiers, l\u2019Espace Mend\u00e8s France et l\u2019ARACT[1], il y en avait pour toutes les disciplines et toutes les envies. C\u00f4t\u00e9 r\u00e9trospectives, la Belgique \u00e9tait \u00e0 l\u2019honneur avec plusieurs documentaires dont une s\u00e9rie de films sur le Borinage, r\u00e9gion wallonne d\u00e9di\u00e9e \u00e0 l\u2019exploitation du Charbon, avec \u00e9galement un hommage au cin\u00e9ma des deux hommes aux deux Palmes d\u2019Or, les fr\u00e8res Dardenne. C\u00f4t\u00e9 recherche, deux journ\u00e9es d\u2019\u00e9tudes se sont employ\u00e9es \u00e0 donner la parole aux scientifiques, aux professionnels de l\u2019image et aux acteurs du travail pour une plong\u00e9e au c\u0153ur des questions li\u00e9es, d\u2019une part, \u00e0 l\u2019avenir du m\u00e9tier traditionnel de facteur et, de l\u2019autre, \u00e0 l\u2019\u00e9volution du travail dans les services publics. Succession de conf\u00e9rences, ponctu\u00e9es de documentaires et de tables rondes, le rythme de ces rencontres professionnelles \u00e9tait plut\u00f4t soutenu. Et parce qu\u2019il y a peu de festivals sans comp\u00e9tition, Filmer le travail en proposait trois. La comp\u00e9tition internationale avec 20 films en s\u00e9lection, le concours de sc\u00e9narios avec 24 projets port\u00e9s chacun par un tandem de sc\u00e9nariste\/producteur et le concours Filme ton travail ! avec 13 films d\u2019amateurs retenus. \u00c0 cela, il fallait ajouter les expositions de bande dessin\u00e9e et de photographie \u2013 pour ce qui est de Dessiner le travail, la r\u00e9f\u00e9rence \u00e9tait \u00c9tienne Davodeau \u2013, et les s\u00e9ances sp\u00e9ciales th\u00e9matiques ou non, abordant, entre autres, le travail de la police, celui des enfants ou encore la notion de souffrance.
\nBeaucoup, beaucoup de propositions. Certaines penchant plus vers la question du travail, d\u2019autres vers celle du cin\u00e9ma, un grand nombre r\u00e9unissant les deux. Des propositions avec toujours la volont\u00e9 de cr\u00e9er du dialogue et du d\u00e9bat. C\u2019est d\u2019ailleurs dans cette perspective que les films retenus pour la comp\u00e9tition internationale \u00e9taient regroup\u00e9s en onze s\u00e9lections th\u00e9matiques. L\u2019occasion de cr\u00e9er des passerelles entre les films et d\u2019inviter, \u00e0 l\u2019issue des s\u00e9ances, des r\u00e9alisateurs mais aussi des acteurs du monde professionnel pour \u00e9changer avec le public.
\nS\u00e9lection internationale, regard transversal
\n 17 documentaires, 2 fictions et 1 animation se sont donc partag\u00e9s l\u2019affiche de la comp\u00e9tition internationale[2] du 2e festival Filmer le travail. Films courts, moyens ou longs, films fran\u00e7ais ou \u00e9trangers, tous, une fois le cap de la s\u00e9lection franchi, ont pour point commun d\u2019interroger la question du travail et\/ou de ses r\u00e9alit\u00e9s attenantes. Tous, au travers d\u2019une foultitude de traitements r\u00e9v\u00e9lant des approches singuli\u00e8res ou plus format\u00e9es, tentent de dire une v\u00e9rit\u00e9. Les sc\u00e9narios s\u2019\u00e9crivent bien souvent autour de personnages \u00e9voluant dans le vif de leur quotidien ou bien autour d\u2019entretiens dans lesquels les personnes se confient et se questionnent devant la cam\u00e9ra. Du prof donnant cours dans sa salle de classe au physionomiste triant les noceurs \u00e0 l\u2019entr\u00e9e de la bo\u00eete de nuit, en passant par le p\u00eacheur au filet vide du fleuve Niger, l\u2019intarissable vendeur de journaux des rues de Mexico, l\u2019ancien journaliste \u00e0 l\u2019\u00e9thique irr\u00e9prochable, l\u2019adolescent en proie \u00e0 son devenir, la domestique indon\u00e9sienne condamn\u00e9e \u00e0 retourner servir les riches esclavagistes, le vieil immigr\u00e9 sid\u00e9rurgiste, en passant par tous ces personnages, l\u2019on voit d\u00e9filer sur l\u2019\u00e9cran des r\u00e9alit\u00e9s famili\u00e8res, d\u2019autres plus m\u00e9connues.
\nD\u2019un point de vue cin\u00e9matographique, si l\u2019on regarde de plus pr\u00e8s les films de cette s\u00e9lection se revendiquant du genre documentaire, il semble que se distinguent trois grands types d\u2019approches. Trois tendances qui se d\u00e9marquent mais qui ne sont pas aussi fig\u00e9es qu\u2019elles en ont l\u2019air et qui, bien \u00e9videmment, reconnaissent la porosit\u00e9 et la perm\u00e9abilit\u00e9 de leurs fronti\u00e8res.
\nAussi, on identifie une premi\u00e8re approche dite journalistique qui s\u2019apparente aux reportages de facture t\u00e9l\u00e9visuelle qui ont essentiellement une fonction informative. C\u2019est l\u00e0 qu\u2019on retrouve, soit des films mettant en perspective des sujets pol\u00e9miques faisant l\u2019actualit\u00e9 m\u00e9diatique \u2013 probl\u00e9matiques li\u00e9es \u00e0 l\u2019enseignement, aux manques de moyens \u00e0 la SNCF, \u00e0 l\u2019instrumentalisation des m\u00e9dias par le pouvoir \u2013, soit des films type \u00ab\u00a0enqu\u00eates de terrain\u00a0\u00bb mettant en lumi\u00e8re des r\u00e9alit\u00e9s sociales peu connues \u2013 conditions de travail des mineurs en Chine, esclavagisme des femmes organis\u00e9 en Indon\u00e9sie. Ce sont des films qui sont construits selon une progression logique visant \u00e0 analyser et \u00e0 rendre compte d\u2019une situation probl\u00e9matique ; ils se basent alternativement sur le t\u00e9moignage et la r\u00e9alit\u00e9 en action et utilisent assez souvent le ressort de la voix off pour marquer des transitions explicatives. Pour autant, ce ne sont pas des films d\u00e9nu\u00e9s d\u2019\u00e9motion, celle-ci \u00e9tant en g\u00e9n\u00e9ral provoqu\u00e9e par la tension et la port\u00e9e du t\u00e9moignage.
\nUne seconde cat\u00e9gorie pourrait se dessiner autour des films reposant sur un dispositif pr\u00e9cis et affirm\u00e9. Il s\u2019agit d\u2019approches plus plastiques ou formelles qui utilisent le langage cin\u00e9matographique de mani\u00e8re minimale et basique en vue d\u2019une d\u00e9monstration parfois d\u2019ordre conceptuel comme lorsqu\u2019il s\u2019agit d\u2019expliquer le ph\u00e9nom\u00e8ne de mondialisation. Ces films fonctionnent la plupart du temps sur une simplification et une syst\u00e9matisation des mouvements de cam\u00e9ra et du type de plans ainsi que sur une quasi unit\u00e9 spatiale et g\u00e9ographique ; ils peuvent aussi parfois avoir recours \u00e0 un travail d\u2019\u00e9criture de dialogues qui emm\u00e8ne le film vers un registre plus th\u00e9\u00e2tral, distanciant ainsi le propos. Ce sont des objets s\u00e9duisants qui interpellent voire surprennent dans un premier temps le spectateur puis qui le rendent confiant et tranquille une fois qu\u2019il a identifi\u00e9 le syst\u00e8me dans lequel il \u00e9tait plong\u00e9.
\nEnfin, on peut identifier un troisi\u00e8me groupe de documentaires que l\u2019on dirait \u00ab de cr\u00e9ation \u00bb. Derri\u00e8re cette expression beaucoup usit\u00e9e, entendons et comprenons ici documentaire \u00e0 caract\u00e8re po\u00e9tique. C\u2019est peut \u00eatre la cat\u00e9gorie la plus vaste et la moins saisissable, celle qui ne se limite \u00e0 aucun crit\u00e8re et met en \u0153uvre une large part d\u2019invention et de libert\u00e9 en termes de sc\u00e9nario et de montage. La structure narratologique de ces films peut faire appel \u00e0 plusieurs strates de r\u00e9cit en juxtaposant des images aux statuts h\u00e9t\u00e9rog\u00e8nes n\u2019appartenant pas au m\u00eame contexte spatio-temporel ou en revendiquant tr\u00e8s clairement la fictionnalisation de certaines sc\u00e8nes. L\u2019introduction de voix off dans ce type de films r\u00e9pond en g\u00e9n\u00e9ral \u00e0 une fonction expressive ou bien po\u00e9tique. Quand au travail de lumi\u00e8re ou de mise en sc\u00e8ne, il fait tr\u00e8s souvent l\u2019objet d\u2019une attention particuli\u00e8re. Les \u00e9l\u00e9ments du r\u00e9el, ces ingr\u00e9dients de la banalit\u00e9 quotidienne, ne sont jamais incorpor\u00e9s au hasard dans le cadre et cr\u00e9ent bien souvent de la polys\u00e9mie dans l\u2019image. En r\u00e9pondant \u00e0 la complexit\u00e9 du r\u00e9el par un langage po\u00e9tique, ces films peuvent parfois d\u00e9router le spectateur.
\nAu del\u00e0 de classer les objets, cette typologie sommaire qui m\u00e9riterait, du reste, d\u2019\u00eatre affin\u00e9e a pour vocation de rappeler que derri\u00e8re un film, il y a toujours une d\u00e9marche singuli\u00e8re d\u00e9coulant du regard et de l\u2019\u00e9coute port\u00e9s au sujet, d\u00e9coulant \u00e9galement du pari fait sur la r\u00e9ception du spectateur. Plus que de rendre compte d\u2019un \u00e9tat objectif du travail, la cin\u00e9matographie du r\u00e9el traduit une relation triangulaire unique entre un sujet, un r\u00e9alisateur et un contexte. Si l\u2019id\u00e9e que certains sujets puissent \u00eatre vou\u00e9s \u00e0 des traitements sp\u00e9cifiques effleure l\u2019esprit, il est plus probable que ce soient les conditions spatio-temporelles entourant le sujet et le cin\u00e9aste qui induisent le traitement. Le caract\u00e8re actuel, pass\u00e9, r\u00e9trospectif, urgent, m\u00e9diatique, personnel, exp\u00e9rimental, spectaculaire, exceptionnel ou r\u00e9current de la chose et de celui qui la regarde entre n\u00e9cessairement en ligne de compte dans l\u2019esth\u00e9tique de fabrication.
\nAmateurs, \u00e0 vos \u00ab Pocket films \u00bb !
\nOuvert \u00e0 toutes et \u00e0 tous, le concours Filme ton travail ! \u00e9tait l\u2019une des nouveaut\u00e9s de cette 2e \u00e9dition du festival. Le principe de cette proposition innovante, originale et participative consistait \u00e0 offrir la possibilit\u00e9 au citoyen lambda de concevoir et de r\u00e9aliser, gr\u00e2ce aux nouveaux outils de captation \u00e0 sa disposition, un film sur son propre univers professionnel. T\u00e9l\u00e9phones portables, appareils photos et petites cam\u00e9ras sont donc devenus, le temps d\u2019un projet, les rapporteurs du travail pour ces r\u00e9alisateurs en herbe. Programm\u00e9e \u00e0 mi-parcours du festival, la s\u00e9ance fait salle comble et met le spectateur \u00e0 contribution en lui demandant de noter les 13 courts m\u00e9trages retenus en vue de d\u00e9cerner le prix du public[3]. Et la projection est loin d\u2019\u00eatre inint\u00e9ressante. Dans la plupart des films, on identifie une v\u00e9ritable d\u00e9marche avec la volont\u00e9, d\u2019une part, d\u2019adopter un point de vue sur sa propre activit\u00e9 professionnelle et, de l\u2019autre, celle de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 la mani\u00e8re dont on utilise le langage cin\u00e9matographique pour signifier. Cela donne lieu \u00e0 plusieurs types d\u2019images. Des images presque empiriques, capt\u00e9es au plus pr\u00e8s du travail, du geste quotidien, montrant un savoir-faire technique et souvent peu connu ; des images (re)travaill\u00e9es version exp\u00e9rimentale ou bien encore des images de \u00ab l\u2019\u00e0 c\u00f4t\u00e9 du travail \u00bb. \u00c0 ce jeu l\u00e0, c\u2019est I prefer not to qui gagne sans conteste. H\u00e9l\u00e8ne Fin, la cinquantaine pass\u00e9e, se filme le matin au r\u00e9veil dans sa salle de bain. Plans serr\u00e9s ou rapproch\u00e9s sur son visage fatigu\u00e9, sa silhouette lasse dans le miroir, la travailleuse se parle et nous parle.
\nTr\u00e8s concr\u00e8tement et tr\u00e8s cr\u00fbment, elle dit tout ce qu\u2019elle a sur le c\u0153ur : la non-envie de se rendre au boulot, la flemme de se pr\u00e9parer en vitesse devant parfois faire l\u2019impasse sur le petit d\u00e9jeuner ou le lavage de cheveux, la peur de se voir reprocher, par ses coll\u00e8gues ou son patron, ses retards et sa lenteur\u2026 Entre ces petites confessions acerbes mont\u00e9es \u00e0 la mani\u00e8re d\u2019un zapping, quelques plans \u00e9nigmatiques de la route, du bureau, des dossiers, de la fen\u00eatre ou encore de l\u2019escalier en colima\u00e7on viennent subtilement sugg\u00e9rer un environnement professionnel et faire contrepoint \u00e0 la frontalit\u00e9 qu\u2019H\u00e9l\u00e8ne impose \u00e0 travers sa parole et son corps. Avec beaucoup d\u2019autod\u00e9rision la r\u00e9alisatrice signe des chroniques matinales d\u00e9cal\u00e9es et intimes qui acc\u00e8dent \u00e0 une dimension universelle.
\nDe la n\u00e9cessit\u00e9 de concevoir le \u00ab sujet dans son activit\u00e9 professionnelle \u00bb
\nSitu\u00e9 au carrefour des disciplines artistiques et sociologiques et du monde professionnel, Filmer le travail ouvrait \u00e9galement, en cette 2e \u00e9dition, une fen\u00eatre sur la cr\u00e9ation musicale en accueillant le compositeur et \u00e9lectro-acousticien Nicolas Frize. Sur la sc\u00e8ne du plan\u00e9tarium de Poitiers, l\u2019homme \u00e9tait invit\u00e9, non pas \u00e0 donner un concert mais \u00e0 parler de l\u2019une de ses r\u00e9centes cr\u00e9ation sur la th\u00e9matique du \u00ab m\u00e9tier \u00bb. S\u2019il s\u2019agissait, lors de cette intervention, de revenir sur la gen\u00e8se de Dedans au dehors, pi\u00e8ce musicale et visuelle pour orchestre et \u00e9crans cr\u00e9\u00e9e en 2008, il \u00e9tait aussi question de sensibiliser le public \u00e0 l\u2019ensemble du projet en forme de \u00ab work in progress \u00bb.
\nAinsi, le postulat avanc\u00e9 par Nicolas Frize pour ce projet autour du travail est plut\u00f4t simple \u2013 contrairement \u00e0 la complexit\u00e9 qu\u2019il mettra en \u0153uvre par la suite dans l\u2019\u00e9criture musicale et le dispositif sc\u00e9nographique \u2013 et consiste \u00e0 dire que \u00ab l\u2019essence de l\u2019activit\u00e9 professionnelle est l\u2019homme \u00ab\u00a0sujet dans son travail\u00a0\u00bb, et non sa production \u00bb[4]. Une conception du travail qui place l\u2019humain au centre des affaires et qui redonne foi en l\u2019exercice et en l\u2019existence. S\u2019int\u00e9ressant \u00e0 l\u2019homme en train de faire, Nicolas Frize cherche \u00e0 d\u00e9cortiquer les rouages de subjectivit\u00e9 et de sensibilit\u00e9 qui font du travailleur un interpr\u00e8te de son activit\u00e9 professionnelle et non un simple ex\u00e9cutant.
\nEt, c\u2019est avec passion et non sans humour que cet ancien \u00e9l\u00e8ve de Pierre Schaeffer, accompagn\u00e9 de son assistante Ana Salas, a retrac\u00e9, deux heures durant, les \u00e9tapes de ce projet artistique et culturel qui aura mobilis\u00e9, entre 2007 et 2009, une soixantaine de travailleurs issus de quatre entreprises m\u00ealant m\u00e9tiers d\u2019art, du tertiaire, des services et de la m\u00e9tallurgie. Des phases d\u2019observation aux phases de tournages en passant par l\u2019\u00e9tape cruciale des entretiens, Nicolas Frize raconte comment il s\u2019int\u00e9resse aux espaces du dedans en appr\u00e9hendant, entre gestes et paroles, les signes du dehors ; comment \u00e0 partir de ses observations et des t\u00e9moignages qu\u2019il recueille, il \u00e9labore des th\u00e9matiques intrins\u00e8quement li\u00e9es \u00e0 l\u2019activit\u00e9 \u2013 virtuosit\u00e9, immobilit\u00e9, lutte, sensualit\u00e9, etc. \u2013 th\u00e9matiques qui constitueront ensuite les bases de ses arrangements ; comment avec une \u00e9quipe de chercheurs et de professionnels du cin\u00e9ma, il r\u00e9fl\u00e9chit \u00e0 la juste mani\u00e8re de filmer les travailleurs. Il raconte et il montre. \u00c0 d\u00e9faut d\u2019entendre des passages de la pi\u00e8ce, le public aura pu d\u00e9couvrir, sur la vo\u00fbte du plan\u00e9tarium, certaines des s\u00e9quences filmiques qui ponctuaient le concert et qui \u00e9taient projet\u00e9es sur deux \u00e9crans derri\u00e8re l\u2019orchestre. \u00ab L\u2019usage de ces images, explique Nicolas Frize dans le livret de la pi\u00e8ce, tente une voie singuli\u00e8re, celle d\u2019un concert, usant de la discontinuit\u00e9, du croisement muet, de la citation minimaliste, du chevauchement bref, non figuratif et accident\u00e9. \u00bb Une exp\u00e9rience esth\u00e9tique au service de l\u2019humain, de son irr\u00e9ductible et fascinante complexit\u00e9.
\nHeureuse soit donc l\u2019intervention du compositeur qui aura permis de rappeler que militer par la voie artistique est une chose encore et toujours possible. Heureuse soit l\u2019intervention de celui qui, avec le groupe \u00ab \u00eatre sujets dans son travail \u00bb[5], propose \u00e0 tout un chacun de s\u2019engager \u00e0 travers le journal TRAVAILS. Cette publication trimestrielle th\u00e9matique \u2013 le premier num\u00e9ro, sorti \u00e0 l\u2019automne 2010, \u00e9tait consacr\u00e9 au \u00ab corps \u00bb, le deuxi\u00e8me et le troisi\u00e8me aborderont \u00ab le langage \u00bb et \u00ab l\u2019arr\u00eat \u00bb \u2013 est un espace d\u2019expression ouvert sur le monde du travail et sur le monde int\u00e9rieur du travailleur. Le principe est simple : se tourner vers l\u2019ouvrier ou l\u2019employ\u00e9 qui est \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de soi, \u00e9changer avec lui sur le rapport qu\u2019il entretient avec son travail et la mani\u00e8re qu\u2019il a de s\u2019y investir puis, dans un deuxi\u00e8me temps, collecter ses paroles pour les mettre en partage via le support papier au format A3 intitul\u00e9 TRAVAILS[6].
\n[1] L\u2019Espace Mend\u00e8s France est le centre de culture scientifique technique et industriel de la r\u00e9gion Poitou-Charentes. L\u2019ARACT est l\u2019Agence R\u00e9gionale pour l\u2019Am\u00e9lioration des Conditions de Travail.
\n[2] Palmar\u00e8s de la comp\u00e9tition internationale : Grand Prix \u00ab Filmer le travail \u00bb : Charcoal Burners, Piotr ZLOTOROWICZ ? Prix sp\u00e9cial du Public : Arena Mexico, Anne-Lise MICHOUD ? Prix \u00ab Restitution du travail contemporain : Vous \u00eates servis, Jorge L\u00c9ON ? Prix \u00ab Valorisation de la recherche \u00bb : Les chemins de Mahjouba, Rafaele LAYANI ? Mention sp\u00e9ciale du Jury : Les hommes debout, J\u00e9r\u00e9my GRAVAYAT
\n[3] Palmar\u00e8s du concours \u00ab Filme ton travaille ! \u00bb : Prix du public : Sur la touche, J\u00e9r\u00e9mie BRETIN. ? Prix M\u00e9diapart : L\u2019int\u00e9rimaire, Vincent CROGUENNEC ? Grand Prix du Jury : I prefer not to, H\u00e9l\u00e8ne FIN.
\n[4] Citation extraite du site suivant : http:\/\/www.nicolasfrize.com
\n[5] Groupe de recherche et de r\u00e9flexion fond\u00e9 en \u00e0 la suite de la cr\u00e9ation Dedans au dehors en 2009.
\n[6] Pour en savoir plus sur le journal TRAVAILS, se rendre sur http:\/\/www.nicolasfrize.com et\/ou contacter Ana Salas : museboule5@wanadoo.fr
\nhttp:\/\/2011.filmerletravail.org<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

—- Du 28 janvier au 6 f\u00e9vrier 2011, Poitiers accueillait en son sein le 2e festival Filmer le travail. En filigrane de cette manifestation \u00e0 la crois\u00e9e des sciences humaines et des arts, si\u00e9geait la devise \u00ab travail, d\u00e9bat, cin\u00e9ma \u00bb. Dix jours de festival pendant lesquels huit lieux culturels de la Ville ouvraient leurs portes aux projections, expositions, rencontres professionnelles et autres animations… Dix jours pendant lesquels le spectateur-citoyen pouvait se nourrir d’images et de r\u00e9flexions sur l’\u00e9volution du<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"menu_order":0,"template":"","categorie_article":[27],"class_list":["post-792","article","type-article","status-publish","hentry","categorie_article-critique"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/juliechaumard.paris\/winsense\/wp-json\/wp\/v2\/article\/792","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/juliechaumard.paris\/winsense\/wp-json\/wp\/v2\/article"}],"about":[{"href":"https:\/\/juliechaumard.paris\/winsense\/wp-json\/wp\/v2\/types\/article"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/juliechaumard.paris\/winsense\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/juliechaumard.paris\/winsense\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=792"}],"wp:term":[{"taxonomy":"categorie_article","embeddable":true,"href":"https:\/\/juliechaumard.paris\/winsense\/wp-json\/wp\/v2\/categorie_article?post=792"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}