
12 décembre 2016 - CR!T!QUE
Soubresaut… et le sursaut du funambule
Yannick Butel
Soubresaut est la nouvelle création du Radeau et de François Tanguy. Un univers plastique et textuel soutenu par l’élaboration sonore d’Eric Goudard et les voix/corps de Didier Bardoux, Frode Bjornstad, Laurence Chable, Muriel Hélary, Ida Hertu, Vincent Joly, Karine Pierre, Jean Rochereau et Jean-Pierre Dupuy. Un travail qui, présenté en novembre dernier au TNB lors du festival « Mettre en scène », était repris à la Fonderie, au Mans. 1H30 où viennent, par vague d’Einfall, des bribes de pensée… Façon,...

27 novembre 2016 - CR!T!QUE
Haine du théâtre
Jérémie Majorel
Le Temps et la Chambre de Botho Strauss mis en scène par Alain Françon au TNP de Villeurbanne les 22-26 novembre 2016. Françon réduit Le Temps et la Chambre (1988) de Botho Strauss à un drame bourgeois et à un enchaînement quasi boulevardier de saynètes. Le « décor » de Jacques Gabel verse dans le naturalisme et le monumental. Il a dû engloutir une grande partie du budget, se dit-on d’emblée. Il reconstitue le salon d’un grand appartement donnant sur...

13 novembre 2016 - CR!T!QUE
Balistique d’une mue glaciaire
Jérémie Majorel
Le solo P.P.P. (Position Parallèle au Plancher) de Phia Ménard, entre jonglage, danse et performance, est rejoué dans le cadre du Festival Best of aux Subsistances à Lyon les 10-12 novembre 2017, 8 ans après sa création dans ce même Laboratoire international de création artistique et des tournées qui s’étendent de la Thaïlande au Mexique en passant par l’Afrique. Durée : 1h. Une centaine de lampes semblent suspendues aux cintres. Elles gouttent sur le plateau recouvert d’une bâche noire. Ce...

25 juillet 2016 - CR!T!QUE
La Dictadura de lo cool : La dictature du son
Yannick Butel
Le goût du procès… le goût du jugement moral, celui aussi de l’emphase, de la démesure… Avec La Dictadura de lo cool, le « metteur en scène » chilien Marco Layera continue de s’initier à la pratique théâtrale. Après le révisionnisme de L’imaginacion del futuro (point de vue stérile sur les dernières heures de Salvador Allende), la nouvelle messe de Layera s’en prend aux Bobos… un peu moins de deux heures pathétiques, tant du point de vue théâtral que du...

24 juillet 2016 - CR!T!QUE
Espæce, jeu des espaces-traces-mémoires-ponctuations
Jérémie Majorel
Pour nous « raconter » l’univers créatif de l’écrivain Georges Perec (1936-1982), et surtout son célèbre livre Espèces d’espaces, le metteur en scène Aurélien Bory manie l’idée de traces, de marques, de taches dans l’espace… Peut-être est-ce une métaphore de notre propre vie, une infinité de trajectoires dispersées pendant un certain intervalle de temps, où on rencontre par hasard d’autres êtres aux trajectoires également infinies… Peut-être est-ce une métaphore du processus artistique de Perec, pour qui le geste artistique aura...

24 juillet 2016 - CR!T!QUE
L’émergence des fils
Malte Schwind
Lotissement, mis en scène de Tommy Milliot et la Cie Man Haast, a été montré du 22 au 24 juillet dans le cadre du 70e Festival d’Avignon. C’est le lauréat – autre mot pour vainqueur ou gagnant ou champion – du Festival Impatience de cette année. Notes brutes autour du réalisme, du père et de la sainte émergence. De l’émergence Depuis 8 ans, le Festival Impatience se donne la mission, en collaboration avec Télérama, le CENTQUATRE-PARIS, et La Colline, de...

24 juillet 2016 - CR!T!QUE
Baby Babel
Yannick Butel
Avec Babel 7.16, Cherkaoui et Jalet occupent la Cour d’Honneur. Comprenons qu’ils la divertissent, à moins qu’ils ne prennent en otage une partie du public qui se demande, après avoir entendu chez Lupa que le théâtre peut être parfois digestif, s’ils ne vont pas quitter leur siège… Proposer à un artiste la Cour d’Honneur… c’est l’inviter à se saisir, dans un seul mouvement, d’un lieu patrimonial, d’une histoire du théâtre et de la mise en scène, d’un volume (hauteur par...

24 juillet 2016 - CR!T!QUE
Gruwez : Une danse de communication
Malte Schwind
We’re pretty fuckin’ far from okay, – ne pas traduire par On baise pas mal loin d’ok, mais plutôt On est putain de loin d’okay –, a été présenté du 18 au 24 juillet au Gymnase Paul Giéra. Lisbeth Gruwez nous propose une performance d’un énorme effort physique et d’une précision corporelle étonnante. Les deux fétiches ne sont malheureusement pas au service d’une déformation du corps, mais d’une communication névrotique. Cela commence lentement, au ralenti. Une femme, Lisbeth Gruwez, et...

23 juillet 2016 - CR!T!QUE
Hearing. C’est comme ça.
Malte Schwind
Du 21 au 24 juillet, Hearing de Amir Reza Koohestani joue au théâtre Benoit XII. Une histoire, un interrogatoire, une caméra, quatre comédiennes. Le pouvoir arbitraire. C’est comme ça. Quand j’entre dans le théâtre Benoît XII, les sacs sont, comme chaque fois, fouillés dans ce temps d’hystérie généralisée. Croire que ces gentilles ouvreurs et ouvreuses pourraient arrêter un tueur décidé relève quand même de la pensée magique. Je ressors parce que ça ne rentre pas encore, dans la salle. En...

23 juillet 2016 - CR!T!QUE
Gogol, le trafiquant d’âmes
Yannick Butel
A la Fabrica, le Russe Serebrennikov reprend Les Âmes mortes de Gogol, pièce qu’il a créé en 2014 à Moscou. Un spectacle tout en force, aux acteurs généreux qui manquent de rythme, et marque une défaillance dramaturgique. Les âmes mortes… panamapaper déjà. En deux phrases, Nabokov expédiera la lecture de Les Âmes mortes de Gogol. Je cite : « Il serait aussi vain de chercher dans Les Âmes mortes un arrière plan russe authentique que d’essayer de se faire une...

23 juillet 2016 - CR!T!QUE
Rumeurs de grands soirs, récit des petits jours
Caroline Veaux
Dans La condition postmoderne, Jean-François Lyotard définissait notre époque comme celle de la « crise des récits » et tenait pour « postmoderne, l’incrédulité à l’égard des méta-récits ». Ces méta-récits ou grands récits, comme les nomme Lyotard, héritage des Lumières, promettaient aux individus l’émancipation par le savoir, la marche inéluctable vers le progrès et permettaient au pouvoir (intellectuel ou politique) de légitimer son autorité en assurant la cohérence du groupe autour de valeurs partagées. Mais l’espoir des grands soirs a vécu, et nous...

23 juillet 2016 - CR!T!QUE
Gogol et glaire, quelque chose comme ça
Malte Schwind
Les âmes mortes, d’après le texte de Nikolai Gogol, mis en scène par Kirill Serebrennikov se joue à la FabricA du 20 au 23 juillet. Écriture chorale et corporelle d’un cynisme, conséquence du ravage de la logique marchande. Difficile à supporter, quelque part nouveau. Ceci sera un papier pénible. Ne le lisez pas. Les âmes mortes : Tchitchikov, esprit d’un homme d’affaire logique capitaliste pragmatique, achète des titres de propriété de serfs morts Kirill Serebrennikov nous montre alors trois ou quatre...

23 juillet 2016 - CR!T!QUE
Karamazov ou Dostojewski ne suce pas que de la glace
Malte Schwind
On le savait pas. Il faut remercier Bellorini pour nous avoir appris cela. Du 11 au 22 Juillet dans la carrière de Boulbon, 70e Festival d’Avignon, Fjodor se retourne dans sa tombe. On s’en fout, le pire c’est pour nous. Merci B... ellorini. ...

23 juillet 2016 - CR!T!QUE
Tigern : quand l’expérience esthétique se vide…
Evelise Mendes
Comment est-ce possible de faire une critique d’un spectacle qui te rend vide ? Ce n’est pas un vide inquiétant qui t’oblige à bouger... C’est un vide d’expérience théâtrale/ artistique/ esthétique. ...

22 juillet 2016 - CR!T!QUE
Eschyle, Pièces de guerre d’Olivier Py, ou la contemplation des ruines
Arnaud Maïsetti
Sous les voutes en partie effondrées de l’église de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, Olivier Py présente Eschyle, Pièces de guerre, titre qui nomme ce qui ressemble à un parcours long de plus de quatre heures, commencé dans le jour brûlant et achevé à la nuit tombée. Ce seront quatre tragédies d’Eschyle – Prométhée Enchaîné ; Les Suppliantes ; Les Sept contre Thèbes ; Les Perses – donné dans leur plus simple appareil : trois acteurs seulement qui se partagent tous les rôles, un podium...

22 juillet 2016 - CR!T!QUE
We’re pretty fuckin’ far from okay… : enfumage
Yannick Butel
Gymnase Paul Giera... ils ont peur du tabac... Y avait pourtant pas de quoi pour cette performance qui n'en fera pas un......

22 juillet 2016 - CR!T!QUE
Gabily : Des bouches qui bougent
Antonin Ménard
Du 17 au 21 Juillet, lecture de textes de Didier-Georges Gabily, à la Maison Jean Vilar. Des mots qui pourraient nous faire imaginer de quel travail il s’agissait. Des mots qui pourraient faire entendre une violence quelconque. Pour ceux qui sauraient écouter....

21 juillet 2016 - CR!T!QUE
Place des héros…Tableau d’une extinction
Yannick Butel
Il y a ce monde qui n’est pas le monde. Et nous en sommes les héritiers, mais aussi ceux qui le façonnent, avec la mémoire, avec l’oubli, avec la volonté… Les héritiers de Lupa répondent au mort, répondent du mort. Et les 4 h 15 de Place des héros de Thomas Bernhard, données en lituanien surtitré, ponctuées de charges musicales, harmonieuses et déconstruites de Bogumit Misala sont cruelles parce qu’elles rappellent la condition de l’héritage… une conscience. Du The Times is out...

21 juillet 2016 - CR!T!QUE
Lupa, l’expérience d’un effondrement
Malte Schwind
Du 18 au 24 juillet, Place des Héros, dernier texte de Thomas Bernhard, mis en scène par Krystian Lupa. Une expérience qui nous fait toucher l’abîme, sans issue. C’est à partir d’aujourd’hui… que je ne pourrai plus retourner au théâtre sans trembler. Non pas de peur d’aller chez le dentiste comme Artaud le suggérait, mais pour quelque chose qui dépasse infiniment la terreur du dentiste. À partir d’aujourd’hui, je ne pourrai plus retourner au théâtre sans trembler… à cause...

20 juillet 2016 - CR!T!QUE
Jolly et Le Radeau de la Méduse | naufrages ô désespoir
Arnaud Maïsetti
Les moments de seuils sont décisifs. Sortir d’une école, par exemple : entrer dans ce qu’on nomme vulgairement la vie professionnelle, ou plus brutalement la vie active. Passer de l’enfance à l’âge adulte aussi ; de la vie à la mort, de la mort à la vie, de la communauté à la solitude. D’une rive à l’autre. On devine le dessein de superposer ici ces enjeux de seuil – pédagogique et existentiel, intime et collectif – dans le projet de...

20 juillet 2016 - CR!T!QUE
Le linge sale de l’Europe : Place des héros de K. Lupa
Jérémie Majorel
Créé en mars 1988 au corps défendant du président autrichien Waldheim dont le passé nazi n’était plus un secret pour personne, la dernière pièce de Bernhard est sans doute le brûlot le plus implacable qu’il ait écrit à l’encontre de ses concitoyens. La mise en scène de Lupa place le spectateur d’aujourd’hui à un endroit où il lui est impossible de dénier le devenir Autriche de l’Europe (« les Anglais ont aussi leur fascisme [...] / En Europe où que puisse aller le juif / il est partout haï » , est-il précisé) : nationalisme, antisémitisme, catholicisme, pseudo socialisme, capitalisme......